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En 1994, la déclaration de Salamanque ratifiée par 90 pays dont la France, pose les bases d’un nouveau paradigme : l’Ecole Inclusive. Il ne s’agit plus seulement de proposer des structures fermées, adaptées aux besoins d’élèves diagnostiqués selon certains profils médicaux ou socio-scolaires, mais bien d’ouvrir à tous les portes des classes dites ordinaires. Depuis, ce principe s’est décliné en diverses lois propres à chaque pays. En France la loi du 11 février 2005 affirme que « tout enfant en situation de handicap est de droit un élève » et défend l’idée d’égalité des chances concernant l’accès aux études. Ce n’est donc plus à l’individu, handicapé ou non, de s’adapter à l’Ecole pour être reconnu en tant qu’élève mais bien à l’Ecole de proposer à chacun les conditions nécessaires pour réussir sa scolarisation.

Les politiques éducatives actuelles réaffirment la place de cette école dite inclusive à travers les lois du 8 juillet 2013 (loi pour la refondation de l’école) et du 26 juillet 2019 (loi pour une école de la confiance). Pourtant, dans les classes, l’idéal normatif d’accessibilité reste un principe difficile à concrétiser. Malgré l’augmentation du nombre d’élèves dits à besoins éducatifs particuliers accueillis dans les écoles, la scolarisation des élèves en situation de handicap ne va pas de soi, surtout en ce qui concerne l’accessibilité pédagogique (Benoit, 2003) et didactique (Assude et al., 2014). La scolarisation des élèves sourds ou malentendants n’échappe pas à ce constat, comme l’illustre le témoignage d’Emi Matsuoka, qui décrit un sentiment d’injustice en raison de l’insuffisance des aménagements proposés (Matsuoka et Lavigne, 2015, p.5). Ainsi, la scolarisation inclusive des élèves sourds reste un défi. Bien que l’article 112-3 du code de l’éducation « pose le principe de la liberté de choix entre une communication bilingue (langue des signes et langue française) et une communication en langue française. » (MEN, 2017), les dispositifs d’accueil pour les élèves sourds non oralisants demeurent rares. Par ailleurs, le rapport du ministère de l’éducation nationale (MEN, 2021) souligne des lacunes spécifiques dans les apprentissages fondamentaux et, en moyenne, l’écart avec les élèves ordinaires tend à se creuser au fil des années.

Ces difficultés portent sur divers domaines et se répercutent ensuite sur l’ensemble des apprentissages, notamment en français écrit qui constitue pour les élèves signants une langue seconde. Les cadres et les pratiques institutionnels, pédagogiques et didactiques de scolarisation des élèves sourds et malentendants, symboliques ou effectifs, posent les opportunités ou les fermetures de l’accès de ces élèves à une scolarisation inclusive (Tambone et al., 2021). L’objectif de ce colloque est d’étudier les conditions et l’expérience de scolarisation des élèves sourds en classes dites ordinaires, soutenue ou non par des dispositifs spécialisés.

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